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 rp ; ciaràn & cléophilia

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Hola, Moussaillon !Dans mon sac de matelot, J'ai mis tout c'que j'avais de plus beau
Captain Sunlight
Captain Sunlight
Messages : 148 Embarquement : 22/02/2015
MessageSujet: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyMar 25 Aoû - 21:00


Cléophilia ne sait pas où la mènent ses pas. Elle sait qu’il la suit, qu’il la traque presque avec une aisance effrayante mais rien n’arrête sa course lente sur les routes. Elle sait qu’il est l’ombre de ses pas et qu’il s’accroche à sa silhouette frêle comme un noyé à une bouée au beau milieu de l’océan. Elle sait qu’il est là, juste là, et ça compresse son cœur en métal si fort qu’elle pourrait presque le sentir fondre le long de ses côtes. Il faut qu’elle avance, il faut qu’elle voit.
Elle était une enfant, autrefois, quand elle prenait ce chemin semé d’embûches. Elle s’imaginait soldate et elle griffonnait de nombreux visages sur son carnet, décidée à ne rien oublier de ces aventures imaginaires au goût amer de l’enfance. Elle était une enfant, il y a longtemps, quand elle venait se cacher sur ce rocher, là, pour écrire. Et la litanie commençait, la mélodie se jouait.
Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée…
Les mots martèlent encore son crâne. Elle se souvient de l’odeur de peau brûlée quand elle a quitté la maison en courant, son carnet en main, et un stylo dans sa botte. Elle se souvient des cris dans son dos, hantant sa mémoire. Et elle se rappelle des mots tranchants qui écorchaient ses lèvres avant de grignoter le papier sans arrêt. Je suis désolée. C’était une condamnation et elle ne cessait de la peindre autour d’elle. Elle ne l’a jamais été. Le monstre a été désolé de ne pas finir le travail et d’imposer une blessure à cet enfant infernal quand il aurait pu l’anéantir d’un geste du poignet, mesuré. Le monstre est désolé de ne pas être resté pour assumer ses actes, et blesser  d’autres ignorants, de perpétrer ce pourquoi elle est née : le malheur. Cléophilia, elle, est désolée de ne pas avoir été suffisante aux yeux de ses parents, de ne pas avoir pu incarner ce qu’ils voulaient. Elle est désolée d’être de cette perfection sanglante qui fait détourner les yeux. Elle est désolée de dizaines et dizaines de choses qui la rendent amère et détestable.
Mais elle n’a jamais été désolée d’avoir blessé cette gamine. Jamais.

Ses pas sont plus rapides quand elle quitte le sentier. « On en a pas pour longtemps. » lance le monstre au garçon dans son dos. Il est silencieux, Ciaràn, il pourrait tendre le couteau et l’égorger qu’elle ne sentirait rien d’autre que la honte dégouliner, toute vêtue de rouge, sur son amure légère sombre. Il pourrait l’étouffer, là, qu’elle n’entendrait même pas son dernier souffle d’agonie. Il est efficace, silencieux, et redoutable. Mais elle lui fait confiance – ou tout du moins, elle mime un semblant de respect que le petit peuple nomme loyauté. Il est son allier dans un monde qui tombe à la renverse. Et elle sait que d’une certaine façon, si elle tombait, il la rattraperait, tout comme s’il tombait, elle lui tendrait la main. Pas longtemps, pour la fierté et l’honneur, mais assez pour le remettre sur pied dans la seconde.
Ciaràn et Cléophilia, ils sont deux faces d’une même pièce. Indissociables, et tranchants.
Devant eux se dessine une grande et vieille bâtisse de pierre blanche. Les jardins sont sinistres mais gardent une beauté froide – les fantômes rôdent mais les fleurs s’élèvent comme remparts. Il y a une vieille balançoire dont le grincement résonne dans le silence ambiant et Cléophilia se souvient s’être assise dessus pendant des heures pour réfléchir. Mais elle ne pensait pas, elle ne détaillait pas les idées qui la rongeaient, elle ne cherchait pas une solution au problème – doucement, tout doucement, comme Ciaràn égorgeant un innocent – elle laissait entrer le monstre. Elle devenait ce qu’elle est aujourd’hui, un rêve glacé aux allures de cauchemar.
« Ravenscar Manor. Profite du séjour. » sa voix est plus amère qu’elle ne le pensait quand elle s’avance dans l’allée. Elle jette un coup d’œil autour d’elle mais rien ne lui rappelle de bons souvenirs. Il y a simplement le visage de sa mère qui revient en écho, son cadavre qu’elle n’a pas vu, l’enterrement auquel elle n’a pas assisté. Toutes ses erreurs lui reviennent en tête comme des coups de poignards dans le dos mais elle tient bon et elle avance, plus droite et hautaine que jamais.
Elle ne tombera pas.
Sa main s’abat sur la porte deux fois mais Teresa n’est pas là et elle l’ouvre sans effort avec une clé qu’elle sort de sa poche droite. « Ma sœur vit encore ici et essaie désespérément de faire tenir ce champ de ruine. » explique-t-elle sans réellement savoir pourquoi alors qu’elle s’avance dans la bâtisse, le cœur lourd. « Ce n’est rien qu’un vieux tas de pierre mais elle y est attachée. » Et toi aussi, s’entend-t-elle penser. Et c’est vrai. C’est ici qu’elle est devenue elle, aussi cruelle et désespérée puisse-t-elle être. C’est ici qu’elle a hurlé et pleuré et tué pour la première fois, c’est ici qu’elle est tombée et qu’elle ne s’est jamais relevée.
Elle hait les moindres recoins de ce château aux allures de cimetière.
Et elle y tient – elle veut le détruire avant que le temps ne le fasse mais elle n’a pas encore eu le courage d’abattre la main du destin sur le dernier plaisir de sa sœur.
« On peut rester là pour se reposer quelques heures, la route est encore longue. » elle murmure.
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Captain Sunlight
Captain Sunlight
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MessageSujet: Re: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyMar 25 Aoû - 21:01


come back to life, love

i could set the world on fire

rp ; ciaràn & cléophilia AhzFxQKFrêle silhouette, elle avance. Il calque ses pas dans les siens, laissant des empreintes si légères qu'elles se confondent, se fondent et s'assemblent. Jours après jours, il est son ombre. Jours après jours, il la suit. Jours après jours, il n'a le droit qu'à la vision fugace, éloignée, silencieuse, de son dos. De ses cheveux sombres se balançant dans un rythme qu'il connaît par cœur, douce mélodie formée de droite, de gauche, d'ondulations et de mèches rebelles. Il sait comment ils réagissent au vent, comment ils se défendent dans la tourmente, comment leurs couleur peut varier du noir à l'auburn, avec le soleil comme teinture. Il connaît les reflets qui les traversent et les boucles qui se transforment. Il sait tout de ses cheveux, de la forme de ses épaules, de la cambrure de ses reins, des muscles de ses fesses, du balancement de ses hanches, de la souplesse de ses jambes. Il sait tout, il ne sait rien. Il les reconnaît, les analyse et les retient. Parce qu'il retient tout, parce que c'est sa façon d'être, sa mission, sa vie de tout les jours. Elle est sa vie de tout les jours. Elle est la lumière au bout du chemin. Elle est la flamme vers laquelle il tangue, le feu ardent qui consume le câble trop fin sur lequel il joue l'équilibriste. Elle est tout. Et son cœur crie qu'elle n'est rien. Car dans le fond, la tempête hurle, et elle gèle. Elle n'est rien. Flocon enflammé, soleil et lune. Destruction et raison.

Elle tourne, il vire. Un peu après. Deux secondes. Deux secondes entre eux, le temps de quatre battements de cœur. Ce qui les a toujours séparés et les séparera toujours. Quatre battements. Boum boum. Boum boum. Elle fait un pas. Quatre battements et il pose son pied au même endroit. Rien de plus compliqué. C'est facile. Elle avance, il garde les oreilles aux aguets. Le royaume de la Terre ne l'intéresse que très peu. Élément faible, inutile. Incapable de se défendre, incapable de se rebeller, incapable de suivre correctement. Composant de la boue et du sol sur lequel marche les armées. Aucun intérêt hormis celui de soutenir les pas de ceux qui ont une raison de vivre plus importante, de ceux qui sont promis à un destin plus glorieux qu'une grotte creusée à même le sol. Aucun intérêt. Il n'y prête donc aucun intérêt particulier, concentrée sur les battements de cœur. Quatre.

Sa voix, douce, froide, brûlante, tranchante. Il ne répond pas. Reflet silencieux, il suit mais ne dit rien. Elle n'attend pas de réponse, il n'en a pas à donner. Il se contente de suivre, le feu dans les veines et le sang pulsant jusqu'à ses orteils. Réconfortant, apaisant. Habituel.

Elle avance dans ce décor de cauchemar, dans ces rêves abandonnés, dans ces moments oubliés. Il note chaque détail par habitude, par réflexe, sans une once d'émotions. Ils ne sont rien pour lui. Ce n'est qu'un lieu, ni mieux ni pire qu'un autre. Un lieu habité, probablement, et pourtant désolé. Un lieu est un lieu, rien de plus. Aucun lien, aucun souvenir. Un nom qu'elle prononce, un sourire en coin qui étire les lèvres de son gardien, et il ne dit rien. Il n'y a que les hommes pour donner des noms à leurs habitations. Une bien vieille tradition, idiote. Ce n'est que rajouter des chaînes à sa propre prison. Il lève les yeux vers le toit, les rabaisse vers la porte. Un « Charmant. » moqueur, dégoulinant d'ironie et de jugement lui échappe, transperçant le silence qui l'entoure, manteau de secrets qu'il cultive et transforme en parure.

Le son de ses doigts fins contre la porte, fort, trop fort, qui pulvérise l'atmosphère et fait voler le silence en éclats. Il reprend vite ses droits, elle ne le laisse pas faire. Elle parle. C'est rare, qu'elle parle. Il rentre à sa suite. L'entrée passée, il lance un regard paresseux, attentif, scrutateur, sur l'ensemble de la pièce. Pas de bruit, aucun bruit. Pas si habité que ça. Il ne pose pas de questions. Il ne s'y intéresse pas assez. Il la dépasse, fait le tour, observant les meubles, les murs, le plafond, la porte. Un vieux château. Rien de plus qu'un vieux château, d'un peuple qu'il méprise. Il s'arrête, se tourne vers Cléophilia. « Longue, hein ? » Il hausse un sourcil moqueur, s'appuie à moitié sur un meuble en croisant les bras. Ses mains disparaissent sous le tissu noir de ses vêtements. Il la jauge, laisse traîner ses yeux sur le corps gracile si familier. « Tu deviens sentimental, 'Scar ? » Il insiste sur la fin du nom, plus que sur le reste. Cicatrice, c'est tout ce qu'elle est. Tout ce qu'est ce château. Une cicatrice vivante, brûlante, dans le cœur d'une écorchée vive. Il s'en fout. Il se demande juste. Le chemin est long, ou son cœur a besoin de revenir chez lui pour une seconde, se cachant derrière une excuse si banale. Il sourit en coin, se redresse. Il n'y a personne de toute façon. Ce sera un lieu comme un autre. Il tend la main, faisant brûler le chandelier un peu plus loin, allumant cinq flammèches dansantes, dans ce ballet que seul les maîtres du feu peuvent comprendre et apprécier.

Puis il se redresse et sourit en coin, s'enfonçant dans la demeure sans se poser plus de questions. Restant assez près pour suivre les déplacements de la brune, sans pour autant la coller. Le sentimentalisme, ça lui donne envie de vomir avant de le faire compatir. Chacun ses envies. Chacun sa vie. Liés, mais pas unis. Limite si mince qu'il en oublie parfois de quel côté il est, et pourtant le bruit de ses pas le lui rappelle un peu plus à chaque mètre. Liés, pas unis. Une vie de différence, rien de moins. Et encore beaucoup à apprendre.

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Captain Sunlight
Captain Sunlight
Messages : 148 Embarquement : 22/02/2015
MessageSujet: Re: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyMer 26 Aoû - 15:50



Ce ne sont que des murs, des murs tremblants aux allures de mystère, des murs qui donnent écho à un nom qui fut et ne sera plus jamais. Ils camouflent une vie toute entière, ils camouflent des cadavres, mais ils n’ont pas d’importance. Ce ne sont que des murs.
Et ils tombent.
Ils tombent les uns après les autres à chaque pas qu’elle fait. Elle démystifie le lieu, elle l’égorge de ses talons hauts, elle met fin au tourment de toute une vie sous les yeux d’un idiot qui n’a pas su choisir la sienne. Après tout, qui rejoint les méchants par choix ? Qui vend son âme au diable, qui abandonne sa liberté, pour le plaisir d’égorger quelques âmes en peine ayant oublié qu’il ne faut jamais hurler plus fort que l’alpha ? Elle l’a fait. Elle l’a fait parce qu’elle n’avait pas d’autre but dans la vie et qu’elle devait tuer
tuer
tuer.
Elle devait tuer pour faire taire le monstre qui faisait ses dents sur ses côtés, pour faire taire le monstre qui hurlait dans sa tête, pour faire taire cette envie irrésistible de tomber à genoux et ne plus se relever car la vie blesse, la vie heurte, la vie détruit. Elle avait trop mal pour exister, la môme. Elle n’était qu’une gamine sans rêves, sans avenirs.
Alors elle est devenue une arme.
Elle est un pistolet chargé qui ne ressent rien de plus que l’adrénaline de planter une de ses balles dans la cervelle d’un imbécile. Elle est lance-flamme qui n’attend qu’une chose ; qu’on la laisse mettre le monde à feu et à sang comme elle l’a toujours imaginé.
Elle est une arme.
Et elle ne ressent rien.
C’est ainsi que cela se passera toujours – elle, s’abandonnant à ses démons, et quelques personnes de confiance pour voir le drame arriver. Ils sont fascinés, assis les uns derrières les autres voir le mal entrer dans sa peau et ne jamais la quitter, ils se pressent et chuchotent alors que le monstre lui bouffe l’âme. C’est un rituel, c’est une histoire qui se lie sur ses lèvres closes. C’est la même chose, les mêmes mots, des dizaines de mots que l’on ne répète plus, que l’on vainc à coup de silences tranchants en espérant que cela suffira pour les faire fuir du vocabulaire universel.
Cléophilia et Ciaràn sont des guillemets inversés qui mettent fin à un dialogue avorté.
Elle parle rarement, l’enfant terrible. Elle laisse ses pas dicter les ordres, elle laisse le balancement de ses hanches indiquer la direction à prendre. Le monstre n’a jamais eu besoin de mots pour se faire comprendre, d’avantage quand il est question du garçon – ils sont deux esprits détraqués qui suivent la même ligne conductrice, qui laissent les mêmes empreintes et les mêmes cadavres sur leur sillon. D’une certaine façon, ils ne font qu’un.
Au fond, ils font mille.


« Longue, hein ? » Elle l’observe. Il est moqueur – on fait difficilement plus clair comme message. Elle sait qu’ils pourraient marcher encore des heures, ils pourraient ne jamais s’arrêter et parcourir le monde entier. Ils pourraient même courir que jamais ils ne tomberaient à genoux car ils sont entraînés pour être des murs, des centaines de murs qui forment un château fort. Ils sont faits pour ne jamais s‘effondrer, ils sont faits pour ne pas devenir des ruines. Mais  Cléophilia a le souvenir d’un cœur lourd dans sa poitrine, et elle suffoque, et elle ne ressent rien mais elle veut terriblement ressentir. Elle veut tomber à genoux et hurler à l’agonie et aimer et désirer et rire et pleurer. Elle veut exister et il n’y a nulle part ailleurs ou l’envie est aussi forte.
Quelque fois, l’arme veut prendre vie.
Mais y’a rien à faire – son monde est fait de métal et de plomb et elle ne ressent rien d’autre que la poussière tout autour. « Tu deviens sentimental, 'Scar ? »

Elle est une poupée dont les fils se sont emmêlés. Elle était perdue alors on a remplacé la porcelaine par du métal et on en a fait un sacré jouet, un jouet sans visage, sans sourire, simplement doté d’une arme.
Elle est tout comme Ciaràn.
Lui, ils l’ont façonné dès la naissance. Ils l’ont plongé dans un bain de responsabilité et il n’a pas eu le choix sans jamais le vouloir. Il a pris tout ce qu’on lui donnait. Et il s’en est contenté. Il n’a pas l’air de rêver d’horizon et de paysage plus hostile. Il se complet dans le bordeaux qui dégouline sur ses doigts, il aime être dans l’ombre de ses pas, détaillant les reflets dégueulasses du soleil dans ses cheveux. Il aime être un peu moins que rien.
Elle est tout comme Ciaràn.
Elle s’approche encore, de sa démarche assurée. Elle sait où elle va, elle fait claquer ses talons au sol comme si elle écrasait des crânes sur son passage. Le craquement imaginaire est sinistre mais résonne résonne résonne en écho et on entend plus que ça. « Je donne les ordres, et si j’ai envie de m’arrêter ici, je m’arrête. »
Elle ne lui dit pas, regarde, regarde je m’ouvre la poitrine et il n’y a rien que du sang rouge qui coule même pas vraiment, qui est là pour faire joli, regarde y’a pas de cœur logé dans ma poitrine.
Non, elle sait qu’elle n’en a pas, elle sait qu’elle ne ressent rien, elle sait qu’elle déteste ne pas savoir à quoi ça ressemble, toutes ces choses qui semblent si normales. Mais elle ne sait pas. Alors elle mime, elle essaie, elle les provoque les odieuses sensations. Elle essaie de les amener jusqu’à elle mais rien n’y fait.
Elle est vide.
Elle est fade.
Elle n’est qu’une arme rouillée qui tire des balles empoisonnées.
Elle est face à lui, tellement près qu’elle peut sentir son aura dangereuse l’envelopper, mais elle n’en a rien à faire parce que s’il essaie de la tuer, elle frappera en première. C’est la dure loi de la réalité ou Cléophilia est plus rapide que l’air. Parce qu’elle le connaît – elle sait où il frappe, quand, comment. Elle l’a tellement étudié qu’elle pourrait l’imiter durant toute une journée.
Il n’est pas prévisible, mais comme il la connaît,
Elle le connaît.
« Je n’ai pas de comptes à te rendre, ni à toi, ni à personne. » et elle lui crache ses mots acides au visage, tout en ayant l’air particulièrement enjouée.
Dangereuse.
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Captain Sunlight
Captain Sunlight
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MessageSujet: Re: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyMer 26 Aoû - 16:21


come back to life, love

i could set the world on fire

rp ; ciaràn & cléophilia AhzFxQKElle est brisée, Cléophilia. Porcelaine en morceaux, armée décimée, cadavre d'une beauté du passé. Elle bouge, respire, s'étire, se montre et se démonte. Mais elle n'est rien. Il le sait. Ombre froide dans son dos, il sait pourtant qui elle est, plus profondément que n'importe qui. Il connaît ses secrets, ceux qu'elle enfonce dans ses boyaux à coups de haches, ceux qu'elle s'arrache à coups de désespoir. Elle est froide, Cléophilia. Leurs cœurs résonnent de la même façon, dans cet incendie de glace, dans la tempête de neige brûlante. Tellement froids qu'ils en brûlent, qu'ils se brûlent. Eux, tellement eux. Quand il la regarde, il voit le noir, le rouge. Tableau aux teintes d'abandon, aux corps écorchés. Eux, tellement eux. Il a pas besoin de voir pour savoir, pour sentir. Elle est comme lui, il est comme elle. Toujours.

Elle s'avance, il sait ce qu'elle cherche. Il se moque. Il s'en moque. C'est inscrit en lui. Il n'a pas ça. La recherche d'émotions, le besoin de se sentir humain. Il a abandonné ça. Il a assez essayé. Aujourd'hui, il a renoncé. Mais elle pas, elle continue de chercher. Par moments, par bribes, comme des photos sur lesquelles on retombe après des années. On veut retrouver les sensations, mais ce n'est plus que des lignes sur un papier froid et poussiéreux. Il n'y a rien à prendre, rien à reprendre et à espérer. Elle comprendra, un jour. En attendant, c'est bien plus amusant de le lui jeter à la figure, de lui faire remarquer la seule faiblesse qu'il y aura jamais dans son armure. De trouver la fissure et de marcher dessus, d'écraser, d'agrandir, de déchirer. Loup sauvage, carnivore, destructeur. Loup qui lui dévore les entrailles, réclame la chair fraîche d'un autre corps. Loup enragé, il mord et déchire. Une faiblesse est une signature sur le contrat avec la mort. Mieux vaut ne pas l'afficher.

Il s'arrête, s'appuie, la jauge, la juge, l'attaque. Lentement, sur ses gardes, une danse macabre avec les mots en guise de chorégraphie. Ils le connaissent bien tout les deux, ce ballet sanglant. Il fait partie d'eux au même titre qu'un rein ou une tornade. Il les lie pour toujours. Elle se rapproche, dangereuse, féline, serpent aux crocs acérés, vipère vampire. Il ne baisse pas les yeux, plonge dans son regard brumeux, dans son regard d'hiver fondant. Elle le rabaisse cette fois, il hausse un sourcil et garde le silence. Ça ne l'atteint pas, ça glisse, glisse, glisse sur son armure, sur le noir de ses vêtements et sur la froideur de sa peau. Il ne répond pas, pourtant, car il sait qu'elle n'attend pas de réponse. Elle donne les ordres. Soit. Il obéit, il l'a toujours fait. Peu importe ses raisons, il profite. Il profite encore, car une simple fissure dans la carapace lui ouvre la porte sur un monde de tonnerres, d'éclairs et d'acide. Sa voix, sa voix familière, qui cherche, qui l'attaque, qui le ronge. Combat acharné, leur combat.

Encore, il bouge. Il regarde le manoir. La forme blanche, nuageuse, de Narcissa se glisse dans l'embrasure d'une porte. Il voit par ses yeux, il sait qu'elle vérifie que personne n'est là pour assister à la joute des chevaliers du sang. Chevaliers de l'ombre. Lui, humain, noir comme elle est blanche, garde un œil sur la démone qui se rapproche un peu plus. Toujours plus. Jusqu'à ce qu'un mouvement de poignet suffise à la capturer, à la brise, frêle silhouette, insecte enfermée dans la fumée. Mais elle a pas peur, oh non. Elle a jamais peur, Cléophilia. C'est ce qui la rend si belle, si attirante, si dangereuse. Son air de bravoure, de folie pure et son aura de destruction, d'abandon. La folie en cage. Elle se défend en arguant qu'elle n'a pas à se défendre. Mauvaise tournure. Il sourit en coin, se redresse, se rapproche encore, fait voler l'intimité, brise les distances. Il s'en fout. Brûle, brûle. Brûle jusqu'à n'être plus rien. « Pourquoi en ressens-tu le besoin, si tu n'as pas à le faire ? » Il sourit, la regarde, la dépasse d'une tête. Ne se sent pas plus fort, sais ce qu'elle vaut en combat singulier. Il ne cherche pas à la détruire, pas comme ça. Pas physiquement. Son esprit l'attire beaucoup plus. Ses phrases acérées, ses mots empreins d'une rage contenue, d'une peinture écarlate, d'un éclat de danger imminent. On en voit la fumée avant d'en sentir la brûlure.

Elle est tout ça, Cléophilia, et ça l'attire beaucoup plus qu'un corps à corps, qu'un coup porté sur sa peau d'albâtre et ses lèvres carmins. Leurs regards se battent, il le soutient sans flancher, ne parle pas. Il n'a pas besoin de parler, ils savent tout les deux. Ils savent les tourments, ils savent les questions, les réponses, les moqueries et les insultes. Chaque phrase est pensée, soigneusement préparée. Jamais de mots en trop. Et pourtant, elle racontait il y a encore quelques minutes une histoire qu'elle n'aurait pas osée conter auparavant. Pourquoi ce lieu ? Les restes d'un passé, les restes d'un ressenti. La démone s'attendrit-elle, a-t-elle trouvé sa propre prison ? L'a-t-elle construite de ses propres mains ?

Il sourit en coin. « Où dormais-tu ? » Question sans rapport, et pourtant, dans son esprit, c'est la seule qui compte. « Derrière quelle porte te cachais-tu aux yeux du monde ? » Il penche un peu la tête sur le côté, se rapproche encore. « Dans quelle pièce te laissais-tu dériver ? » Il s'arrête, si proche qu'il sent son souffle sur sa joue, ses lèvres, qu'il sent l'odeur empoisonnée de son parfum, de son haleine, des battements de son cœur. Il la regarde, la défie, la fait jouer. La pousse à s'enfoncer plus loin dans le vide de sa poitrine, dans les profondeurs d'un enfer de pierres, de souvenirs, d'amour et de haine. Dans les abysses d'un monde qu'elle a quitté et qu'elle ne retrouvera jamais, peu important les efforts qu'elle y mettra à l'avenir. Ça lui a échappé. Et rien ne le lui rendra. Jamais.

Loin de l'esprit cruel qu'il arbore en général, il écrase la fissure pour elle. Sincèrement. Plus vite la destruction s'opérera, plus vite elle saignera, plus vite elle comprendra. Il la pousse derrière ses barrières, dans un moment de jeu, d'amusement, de taquineries, de gamineries. Torture, probablement. Ça l'amuse. L'éclat dans ses yeux ne révèle qu'un amusement, qu'un défi. Cap ou pas cap, princesse des glaces. Que feras-tu, poussée contre le mur ? Que feras-tu une fois juchée au point de non retour ? Que feras-tu, Cléophilia ? La démone se rendra-t-elle ? Il en doute, il espère que non. Il veut la voir se rebeller, peu importe la forme de la rébellion. Il veut la voir sauter à pieds joints dans le puits sans fond de leurs âmes déchirées.

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Captain Sunlight
Captain Sunlight
Messages : 148 Embarquement : 22/02/2015
MessageSujet: Re: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyMer 26 Aoû - 20:05


Pourquoi ?
C’est juste une question, une question qui la frôle mais ne la blesse pas, une question qui ne rate même pas sa cible – le monstre n’essaie pas de l’éviter et pourtant, elle est là, enfoncée dans les tourments d’un autre. Elle est là, l’interrogation traîtresse, qui la toise. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? La répétition lui martèle le crâne et elle essaie de se plonger dans ses souvenirs,
mais elle ne voit rien.
Parce qu’ici, c’est le milieu, le juste milieu de son enfer personnel. Ses démons sont tous là, fiers avec leurs canines acérées, ils la regardent valser sur des mines. Ils n'ont pas des visages connus, ils sont juste les vestiges d'un temps passé et ils représentent ces années de torture ou les siens ne voulaient pas d'elle. Parce que cet endroit, ce lieu, c’est là ou tout est tombé la première fois, là où tout s’est mal terminé, là ou rien n'a commencé. C'est là ou elle a vu son monde s'effriter et son cœur exploser en milliers de petits morceaux.
Elle avait pas dix ans.
C'était pas le moment pour égarer son cœur.

On ne l'a jamais défendue, ici.
Alors elle fait comme avant, elle fait comme vingt années plus tôt, elle érige des cloisons, des garde-fous, des murs, des immeubles, des châteaux, des villes, des mondes, des planètes, des galaxies, des univers, elle se fait un royaume de fantômes pour se défendre du monde extérieur qui ne rêve que de la voir tomber à genoux, mordre la poussière, implorer pardon, demander rédemption à un dieu qui n'en a rien à faire.
Après tout, elle est messager du démon.
Elle fait comme avec tout le monde, elle répond qu'elle n'a pas besoin de se défendre, qu'elle n'a pas besoin de discuter mais cette maison, ce manoir, ça la rend tellement, tellement, tellement faible.
Elle sait qu'elle a besoin de se défendre. Elle n'en a pas envie. Son cœur ne lui dicte pas. Mais quelqu'un de normal le ferait. Et elle voulait tellement être normale quand elle était môme. Elle regardait le monde de sa balançoire et elle priait, si fort, si fort, que ses doigts devenaient blancs et derrière ses paupières se disputaient des dizaines d'étoiles. Elle voulait tellement être comme ses sœurs, avoir un joli petit cœur à chérir. Elle voulait arrêter de compter, elle voulait cesser d'avoir besoin d'évaluer toutes les possibilités.
Elle a prié 245 fois.
Et personne n'a jamais écouté.

Elle sait qu'elle se défend.
Et elle en a rien à foutre. Elle a l'impression d'être en sursis, défoncée, stone, au bord du précipice, en colère, perdue, désabusée, paumée, paumée, paumée. Ce ne sont pas des vrais sentiments, ils n'existent pas, ils ont des masques, ils font semblant, et ça lui donne envie de vomir.
Même si elle tombe devant lui, là, maintenant, elle s'en fiche, même lui... même lui, il peut voir. Il peut la regarder valser, la poupée, il peut la regarder tourner, encore et encore, sa kyrielle incessante aux allures de danse. Il peut la regarder nier l'obscurité qui lui dévore l'âme, vendre son corps à un ultime baiser sucré de cette connasse de vie qui n'a jamais rien fait pour la sauver.
Il peut la regarder devenir poussière.
Elle n'en a plus rien à faire.

Ciaràn doit être le seul humain sur cette planète à pouvoir appuyer là ou ça fait mal. Là ou on croit que ça fait mal.
Là ou Cléophilia est persuadée qu'elle devrait avoir mal.
Parce qu'il sait qu'elle lutte encore pour trouver quelques semblants de sentiments, terrifiée à l'idée d'être vide,
vide,
vide,
morte.
Il y a ses soeurs, aussi, ses pires cauchemars, qui pourraient frapper au bon endroit. Mais elles ont oublié. Elles ont oublié que Cléophilia n'est rien qu'une môme qui n'a jamais voulu ouvrir les yeux sur cette réalité chimérique et douloureuse ou elle n'est qu'à moitié humaine. Elles ont oublié que Cléophilia voit tout, entend tout, sent tout, se souvient de tout mais ,e l’interprète pas parce qu'elle ne sait pas, elle ne sait pas comment on fait. Elle sait qu'il faut une seconde au cœur humain pour se mettre à battre la chamade d'excitation, elle sait qu'il en faut quatre au sien pour seulement l'envisager. Elles ont oublié qu'elle était fissurée, Cléophilia, elles ont oublié que le passé des triplées, c'est les vestiges de l'ultime blessure qu'elle porte.
Mais pas Ciaràn, Ciaràn a vu et n'oublie pas.
« Tu poses trop de questions dont tu connais les réponses. » souffle-t-elle doucement avec un sourire joueur. Frappe-moi les cotes, et regarde donc tout ce que tu m'ôtes, ça se lit avec amertume sur ses lèvres carmins. Parce qu'il peut frapper, Ciaràn, aussi fort et aussi violemment et aussi délicieusement qu'il en a l'habitude. Il peut faire comme on lui a appris, il peut devenir le gentil petit Ivashkov que ses parents recherchent.
Il peut.
Mais elle se relèvera.

Il est tellement, tellement, tellement proche qu'elle le sent brûler.
Et il pose une question, une seule, avec un sourire en coin. Puis une autre, qui vient prendre la première dans ses bras, et une autre encore, qui rejoint ses deux amies.
Il veut tellement, tellement, tellement qu'elle lui dise. Elle le sent. Il creuse la fissure, il met ses deux mains dans le trou béant de sa poitrine et il l’agrandit pour qu'elle n'ait plus à exister, pour qu'elle s'absout de ses pêchés, pour qu'elle abandonne ce vain espoir qui lui empoissonne le sang.
Mais elle ne veut pas, y'a son humanité là, au bout de ses dix doigts, il faut juste qu'elle s'avance un peu,
juste un peu,
mais elle va tomber.
C'est la seule chose qui fait d'elle quelqu'un de différent, la seule qui fait qu'elle ne soit pas Ciaràn. Elle essaie encore. Elle espère un peu. Elle crève de ce morceau d'espoir qui coagule dans son sang et qui l'étouffe. Elle n'a pas peur, elle n'a jamais peur, mais elle s'accroche.
« Je ne vivais pas ici. » et elle n'ajoute rien, elle ne le touche pas et ne lui demande pas de la suivre. Mais elle avance, elle fait un pas, puis un autre, puis encore et encore et elle est toujours Cléophilia Ravenscar aux talons vertigineux, à la grâce fascinante et aux mœurs douteuses. Elle est toujours fidèle à elle-même, capable d'arracher la tête de n'importe qui avec les dents s'il ne lui reste que cela pour se défendre.
Elle ne se perd jamais vraiment.
Elle ne disparaît jamais longtemps.

Puis elle s'arrête, elle pose la main sur une poignée, la tourne
une fois
deux fois
trois fois,
avant que le clic ne résonne. Et elle pousse. Devant elle se dessine une chambre d'une petitesse rare dans une bâtisse telle que celle-ci. Impersonnelle, blanche, le décor est d'une déprimante simplicité. Il y a lit d'une place, une chaise en bois et une table. Il y a une armorie sombre qui tranche avec la fadeur du lieu, et partout sur le sol, il y a des objets cassés, des vêtements, des feuilles.
Teresa n'est jamais rentrée ici.
Elle fait un pas à l'intérieur et elle vient se placer de la fenêtre ou môme, elle s'asseyait, se balançant d'avant en arrière en demandant pardon à une entité supérieure qui l'avait oublié. C'es là qu'elle priait aussi, en croyant voir une étoile filante.
C'est de la fenêtre qu'elle se laissait dériver.
C'est là que l'on voit les vestiges de sa peine, de sa colère, de sentiments farfelues qu'elle n'a pas connu mais qu'elle inventait. Une suite de pourcentages, de chiffres, qu'elle mimait de comprendre au fil des jours. Sur les murs, des longs traits sombres - des brûlures, cisaillent les étendues blanches. Sur le plafond, en lettres de cendre, encore, il y a des 'je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée' qui se mélangent et se perdent. Les derniers, les plus frais, datent de son départ pour la ligue.
'Je ne suis plus désolée.', il y a écrit.
Cléophilia regarde son passé sans ciller, elle le connaît, elle le revoit, elle ne le ressent pas. Elle se souvient et cela n'a plus d'importance. Ciaràn a raison.
Pourquoi vouloir le faire si elle n'en a pas besoin?

« L'enfer d'une enfant qui n'est pas tombée dans la bonne famille. » et elle tend magistralement la main vers son univers, avant de se laisser tomber doucement sur le lit avec un sourire qui détrompe souvent la mort - y'a pas de bonheur dans l'incurvation de ses lèvres.
Y'a le réveil du monstre qui a envie de mordre.
« Alors dis-moi, qu'est-ce que cette pièce t'apprend sur moi? Qu'est-ce que tu es capable de deviner avec quatre murs remplis de mots sans sens ni fonds? »
Il est curieux, le monstre.
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Captain Sunlight
Captain Sunlight
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MessageSujet: Re: rp ; ciaràn & cléophilia   rp ; ciaràn & cléophilia EmptyJeu 27 Aoû - 0:48


come back to life, love

i could set the world on fire

rp ; ciaràn & cléophilia AhzFxQKElle est forte, Cléophilia. Comme un château, comme une forteresse. Comme la démone qu'elle est, qu'elle devient. Comme la mort qu'elle laisse dans son sillon, comme la souffrance qu'elle inflige. Comme la lame qu'elle lui fait dégainer pour prendre une vie, ou deux, ou cent. Elle est forte quand elle est belle, et elle est belle dans sa colère, dans sa froideur, dans sa menace. Elle est belle quand elle perd le contrôle, elle est belle quand elle tue, elle est belle quand elle détruit. Elle est belle dans le chaos, dans les ténèbres, dans son manteau d'ombres et de douleur. Elle est belle quand elle est elle-même, quand elle laisse ses pires penchants refaire surface, quand elle cède à sa soif de sang, à son besoin d'agonie. Elle est belle quand elle souffre, elle est belle quand elle fait souffrir.

Et pourtant, parfois elle flanche. Elle devient faible. Il la regarde. Et il n'aime pas. Elle est toujours elle, elle garde la face, mais elle laisse s'étendre la tâche qui lui dévore la poitrine. Elle laisse la fleur humaine, cette petite partie d'elle, ternir l'éclat de la décadence, du danger et de l'amère vérité. Elle se cache, cherche une chose qui n'est plus. Et ainsi, baisse sa garde, sa volonté. C'est ça, la faiblesse. Et il n'aime pas ça. Pourtant, il sait, Ciaràn, il sait qu'elle doit le faire. Il sait qu'elle doit se débattre dans les lianes avant de comprendre qu'il faut les trancher nettes. Il sait qu'elle doit fouiller les moindres recoins de son âme poussiéreuse avant de se rendre compte qu'il n'y a aucun cadavre caché dans le placard. Elle doit faire le chemin avant d'arriver à la bonne destination. Et il a le temps, l'envie, le besoin de la pousser. De la jeter dans le précipice. De sauter avec elle, pour la forcer à se cogner à chaque rocher, chaque bosse, chaque branches pointues et meurtrières. Pour la forger, la faire devenir le monstre qu'elle pense être mais qu'elle garde à distance. Par peur. À cause de cette peur de gamine, viscérale, vitale, qui ne la lâche pas.

Il sait ce que c'est. Il l'a vécu. Il est passé par là, il a fait son chemin. Il n'est pas encore arrivé, mais il est proche, si proche. Son cœur n'est qu'un organe, sa tête une machine, ses membres une arme, dangereuse, bien dressée. Il n'est rien d'autre. Il ne veut pas être un autre, ni laisser filer cette chance. Car c'est lui, il le sait. C'est ce qu'il a toujours cherché, les réponses à toutes ses questions. Sa raison d'être. Une arme entre les mains de gens plus compétents à juger du comment et du pourquoi. Il s'en fout des modalités. Il veut servir. Certains le disent servile, naïf ou simplement idiot. Mais il ne le fait pas par bêtise ; il le fait par choix. Il connaît ses limites, ses options, ses choix, ses besoins. Il sait ce qu'il peut et ce qu'il ne peut pas. Il choisit le mal, la douleur, le rôle d'ombre, car c'est lui. C'est ce qu'il est. Et il l'embrasse un peu plus chaque jour, cette amante qu'est sa vocation, cette maîtresse qu'est la mort. Il n'aime pas, Ciaràn. Il ne peut pas. Il comprend simplement. Ni plus ni moins.

Bravache, la petite princesse. Il sourit, moqueur, joueur. Machinal. Il connaît les réponses, mais il aime les lui faire avouer, les unes après les autres. Il aime la pousser dans ses retranchements. La forcer à parler. Il sait ce qu'elle va dire. Et se délecte d'avoir raison, s'amuse de ses propres déductions. Pousse le bouchon plus loin, la force à enchaîner. Ne lui laisse pas le temps de reprendre son souffle, d'hésiter, de s'enfermer. Il prend la clé, déverrouille et force la serrure avec un lance flamme si c'est nécessaire. La subtilité est un art qu'il possède, mais dont il n'abuse pas. Quand la force se révèle plus efficace, rien ne vaut un bélier. Et, tant mieux pour lui, la force brute est un autre de ses talents.

Elle ne vivait pas là. Mystérieuse tournure de phrase, drôle de remarque. Il hausse un sourcil, n'interroge pas plus. Il sait qu'il aura la clé de l'énigme sous peu, pour autant que c'en soit une. C'est sa maison, pourtant, non ? L'endroit où elle a fait ses premiers pas, dit ses premiers mots, où son corps s'est affiné, transformé, modelé, où elle a probablement brûlé ses premiers hommes et détruit ses premiers jouets. L'endroit qui a vu grandir le diablotin pour qu'il devienne une succube infernale, à l'appétit insatisfait et à la soif de sang insatiable. Mais vivre à deux sens, ou trois, ou quatre. Il ne sait que trop bien qu'on peut vivre physiquement quelque part sans que son âme ne puisse se targuer d'être à la maison pour de bon. L'esprit a des jeux qu'il est seul à comprendre.

Elle avance, il reste immobile. Il suit la courbe de son corps du regard, lorgne sans se cacher les formes indécentes, avant de se donner la peine de se redresser et d'avancer. Quatre battements. Il est de retour dans son dos. Les griffes de Narcissa claquent sur le sol. Il fait un signe, elle s'arrête, le laisse en bondissant dans l'escalier. Il sourit en coin, observe l'ouverture difficile d'une porte, une porte oubliée, abandonnée. Et il entre à sa suite. Il s'arrête, appuie nonchalamment une épaule contre la chambranle de bois. Les puits abyssaux qui lui servent d'yeux se perdent sur la décoration sommaire, la litanie gravée à jamais dans les murs, le mobilier abandonné. Sur le sol abîmé, sur le lit poussiéreux. Il ne dit rien, observe en silence, note les détails d'une prison forgée par la main même des prisonniers. Il sait que certains dessinent dans leurs cachots, avec du sang, de la terre, peu importe ce qu'ils trouvent sous leurs doigts en raclant les portes pour s'enfuir. Il pense à ça.

Il voit une gamine abandonnée, renfermée, au longs cheveux couleur de bois mouillé, qui s'excitait sur les murs de sa cage, à défaut de pouvoir l'ouvrir. Sauf que ce n'est pas la pierre qui la retenait prisonnière, plutôt sa cage thoracique. Il hausse un sourcil au son de sa voix. Musique étrange, hypnotisante, qui s'accorde avec son décor. Il ne doute même pas que ce soit la bonne pièce. Elle y est chez elle, pour autant qu'elle aie un lieu sur terre où elle puisse rentrer. Ça colle bien à sa folie, à sa flamme dansante, légère et pourtant meurtrière. Elle résume tout d'une phrase et il tourne le regard vers elle. Un enfer, son enfer. C'est bien résumé, après tout.

Il sourit en coin à la question, croise les bras en restant appuyé contre le cadran de la porte, sans la lâcher du regard. « Je n'ai rien à apprendre de toi. Je sais ce que j'ai besoin de savoir, peu m'importe de quelle couleur étaient tes draps. » Il se redresse, pose ses pieds sur le sol sans se soucier des mots, de la poussière, des reliques. Tout ça l'indiffère. Ils ne sont rien pour lui. Le passé appartient au passé. Il s'approche, s'arrête devant elle, s'accroupit et la regarde. Dans ses yeux danse des ombres, affamées, ensanglantées, noyées. « Mais toi, Cléophilia. » Il susurre son nom, mépris, respect, haine, lien ineffable. Tout ça ensemble. « Qu'est-ce que ça te fait de faire un bond dans le temps ? De revenir dans le lieu qui t'a vu naître, grandir et tomber ? » Il se redresse, fait demi tour, va vers la fenêtre. « Est-ce que ça t'apporte ce que tu es venue chercher ? » Il pense que non. Il ne doute pas du trou noir, du cadavre pourrissant qui se cache dans sa poitrine. Il pose sa main sur le bois, rêche, plein d'échardes. Le caresse comme s'il s'agissait d'une femme, soufflante, transpirante, jouissante, ouverte sous ses doigts. Il sourit en coin. « Si je brûlais cet endroit, m'en voudrais-tu ? » Il la regarde par dessous ses cils, empli d'une curiosité sombre, morbide, figée. Une curiosité qui ne demande pas à être assouvie, qui demande plutôt des réponses approximatives capable de l'énerver et qui l'oblige à vérifier par lui-même la véracité des dires.

Il glisse ses doigts sur les brûlures, anciennes, vestiges abandonnés, cicatrices noires et puantes, poussières. Il gratte un peu, puis souffle. Des particules se détachent, se lèvent, forment un nuage et retombent, plus loin. Loin de leur état normal. Elles ne sont plus rien. Rien que des restes. Des ossements. Le crâne putride de leur état d'origine. Plus rien. Des âmes en peine, des fantômes. Il s'en fout. Il joue. Il trouve une beauté glacée dans cette mort matérielle, dans cette décomposition. Il est sombre. Et dans son corps, les revenants dansent autour d'un feu de joie. Il regarde Cléophilia. Et son sourire rallume les braises. Les cendres brûlent sur le sol, petit foyer inoffensif. Mais dans le noir de la pièce, dans le noir de leurs êtres, la lumière orangée devient comme un étendard, un flambeau. Une distance supplémentaire, nécessaire. Une signature.

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