rp ; mallory & morgan

La tournée avait commencé dans l'ouest américain et courait le long de la côte, ville après ville, kilomètres après kilomètres. Seattle, Sacramento, LA — les concerts se suivaient mais ne se ressemblaient pas. L'ambiance était festive mais dûment surveillée, et O'Connor écartait avec de moins en moins d'indulgence les membres de son équipe de sécurité des alcools et autres groupies rock qui pouvaient faire autant tourner les yeux que descendre les braguettes.

A Phoenix, Morgan avait enfoncé sa queue dans la gorge de Mallory. C'était irréfléchi, impulsif : la résultante d'une équation qui avait commencé il y a de cela deux mois, lorsqu'il avait sauvé la peau de la rock-star. Depuis, elle le taquinait, l'excitait, l'attirait dans un coin pour frotter son derrière contre son entre-jambes, tenait des propos toujours plus directs. Avec sa carrure, il l'avait facilement maîtrisé dans la chambre d'hôtel, une heure à peine après un concert, et il lui avait ramoné sa bouche. Ne lui laissant que l'occasion de respirer, puis d'avaler. Le sang blanc avait d'abord investi sa gorge, puis une seconde décharge s'écrasa sur le front, glissant sur le visage amusé de la salope. Morgan l'avait relâché comme si c'était elle qui l'avait violé, remontant son jean et quittant les lieux du crime avec des pas dignes d'un ivrogne. Il se sentait vidé, l'étant littéralement. Tout cela le replongeait à son passé d'ex-criminel, lorsque au lieu de protéger les gens il les tabassait ; ce qu'il avait enfoui au plus profond de lui-même prenait la tangente. Le lendemain, il se fit remplacer ; idem pour le surlendemain. O'Connor s'attendait à être viré, ou réfléchissait à démissionner. Au lieu de cela, alors qu'il retrouvait son arme de service, il fit l'acquisition d'un string rouge sang de la Matthews avec un petit mot délicat de sa part. Il la revit immédiatement, bite en bouche, et éprouva un frisson qui fit lever un bref instant son sexe. « Où en es-t-on, Douglas ? » Calé dans les backstages, Morgan interrogea l'un de ses hommes, surpris de le voir. Le groupe n'en était qu'à la moitié du show, la salle de concert pleine, le son rock parvenait à franchir les murs pourtant renforcés du local de sécurité où les retours des caméras et les messages radio permettaient de visualiser au mieux la situation.

« Dès que c'est fini, tu les escortes à l'arrière-salle. Il y aura une interview, pour la chanteuse, en seconde partie de soirée. Fais-la monter à l'étage, j'y serais déjà et je m'occuperais de tout. » Il n'y avait pas d'interview — mais il comptait bien s'occuper d'elle. Comme un désir d'exorciser ses démons, Morgan avait décidé de céder à ses pulsions dans l'espoir de les voir disparaître. Il s'installa au fameux étage qui n'était rien de plus qu'une chambre au confort modéré mais il n'avait pas besoin de davantage. Le chef de la sécurité se cala dans un siège, légèrement dans l'obscurité, et attendit l'arrivée de la Mallory pour mettre en action ce qu'ils semblaient rêver mutuellement : une sodomie brutale.

Les flashs. La douleur. Les voix qui se brisent. La torture profonde. Les reins déglingués. C'est comme une baise, une baise sauvage, animale. C'est une queue illusoire, le gland rougi par les cris d'extase, qui s'enfonce en elle, qui ressort par sa gorge. Et elle crie, elle crie, elle chante, elle joue, elle bouge, elle se perd avec l'impression de voler, de sombrer, de se faire bouffer. Elle tremble de plaisir, ses sourires sont vicieux et ses doigts caressent un amant invisible. Elle baise sur scène, avec la rage d'une combattante dans l'arène. Corps à corps imprévisible, sans limites, assassins. Qui laisse pantelant. Qui laisse anéanti. Qui laisse combler. Qui laisse sur sa faim. Elle gémit sur la fin, l'orgasme de la scène, l'orgasme de la foule. Une orgie en paroles, un gang bang général, des milliers de bras, de jambes, de mains, de lèvres, d'yeux, de bites tendues et de chattes trempées. Sur les épaules de son mec, la petite blonde se frotte. Coincée entre deux inconnues, une rousse se tortille. Et sur le plate-forme surélevée, Mallory a un rire sulfureux, qui met le feu aux poudres. Ça explose, ça pète de tout les côtés. Elle observe l'anarchie avec l'avidité d'une louve refermant les crocs autour du cou d'une biche, la jugulaire qui pulse entre ses dents et le sang qui coule lentement dans sa gorge. Et la jouissance, le plaisir d'une vie qu'on enlève. Le pouvoir. L'envie. Besoin vital. Animal. Putain d'animal.

Elle rejoint les coulisses, vidée. Elle a laissé une partie d'elle entre les mains de la foule, là-bas. Si loin. Une main passe sur ses fesses, elle donne un coup et un baiser au guitariste qui lui lance un regard brûlant. Elle lève les yeux au ciel. Elle s'en fout de lui. Elle s'en fout de tous. Elle les aime. Mais il l'attirera jamais. Jamais assez. Son nom, crié du fond de la pièce. Un haussement de sourcil, un demi tour contrôlé et elle observe le mec qui l'appelle. Il fait partie du personnel, elle le sait. Mais son nom revient pas. Blanc total. Elle sourit en coin, fait mine de le connaître. Elle s'en branle de son nom. De qui il est. De tout. De tout sauf de la chaleur entre ses jambes, du besoin pressant de regagner de sa loge, de se foutre à poil et de savourer des retrouvailles bien mérité avec Jack, son meilleur ami en plastique. « Ils t'attendent en haut pour une interview. » « Pardon ? » Elle réagit en se redressant brusquement avec un grondement qui aurait fait reculer n'importe qui. Sauf un mec payé pour tenir bon face à une foule déchaîné. Il insiste, lui dit que c'est ce qu'on lui a dit. Elle maudit son agent en quatre langues différentes avant de prendre la porte. Elle a pas envie, putain. Vraiment pas. Se farcir des questions connes, face à un journaliste qui va reluquer ses seins comme si ils allaient lui sauter dessus pour le bouffer tout cru. Toutes des lopettes. Elle pousse la porte de la pièce où apparemment on l'attend, d'un grand coup de bottes. Qui montre bien qu'elle a pas envie. Qu'elle fait sa gamine. Qu'elle les envoie tous se faire foutre. Que ça a intérêt à être rapide.

Sauf qu'elle voit personne et ça la fait lever les bras au ciel. « Putain de bordel, ils sont sérieux ? » Elle s'apprête à faire marche arrière, quand elle le voit. Dans son coin, silencieux. De retour. Un sourire étire ses lèvres, sa colère s'apaise. Un peu. « T'es revenu, O'Connor ? » Question rhétorique. Elle va droit vers lui, sans une hésitation. Elle doit lever le menton pour croiser son regard. Mais elle a pas peur. Oh non. Elle sent une décharge puissante dans tout ses membres, son cœur qui bat vite, qui bat dans son intimité avec une passion renouvelée. « Tu t'es enfin décidé à me baiser ? Ou tu n'as toujours pas les couilles ? » Parce que la trique, ça elle sait qu'il l'a. Elle se souvient. De sa queue entre ses lèvres. Des bruits, de la chaleur de sa peau, de son sperme au fond de sa gorge. C'est ça qu'elle veut. La possession. Mais elle rigole et se recule, dandinant du cul. Ce qu'elle fait de mieux. « Mais j'ai un rendez-vous. Pas le temps de m'occuper de ton cas, p'tit gars. » Elle dit ça, le pense pas. Elle s'en fout d'une interview. Du monde entier. Elle les envoie se faire foutre. Elle veut juste qu'il l'attrape. Fort. Et qu'il lui fasse regretter d'avoir essayer de partir. Insecte pris au piège, elle se débat en riant. Et s'éloigne. Physiquement. Toutes ses hormones gémissant déjà sous les coups de butoir du mâle en face d'elle.